Infirmière, Fabienne travaille dans une institution accueillant des enfants de 8 à 18 ans, placés souvent par le juge des enfants, pour maltraitance. Un travail délicat l’attend chaque jour auprès de ces jeunes ne présentant pas de handicap physique important, mais moral. « L’institution accueille une vingtaine d’enfants, pour une durée indéterminée ou déterminée. Ils ne demandent qu’à recevoir, mais de par leur passé, ils sont sur la défensive. » Réinstaurer la confiance en soignant beaucoup plus les maux de la tête que le physique, telle est la tâche passionnante de Fabienne. Elle prend son travail à bras le corps, trouvant toujours un plaisir dans la relation de l’enfant vis-à-vis de l’adulte. « J’aime ce que je fais et j’avoue traîner les pieds lorsque je dois prendre des récupérations » admet Fabienne qui dit avoir la chance d’être écoutée chez elle, à son retour. « L’écoute est aussi très importante dans mon métier »« Nous avons le devoir d’en faire des adultes, c'est-à-dire des gens responsables. Ces enfants vont retransmettre ce que nous leur donnons. S’ils ne reçoivent rien, que pourront-ils transmettre à leur tour ? », interroge-t-elle. ajoute-t-elle. Face à des enfants et adolescents, souvent en situation de révolte, elle s’efforce de mettre de l’humour, afin de dédramatiser les situations, en faisant des choses un jeu, dans la mesure du possible.
Aussi se plaît-elle à raconter cette situation cocasse. « Un jour, il y avait un problème de poux à éradiquer dans l’établissement. Je m’en suis occupé, lavant la tête des enfants, dans une chambre noire. Une petite fille râlait, râlait, râlait …. J’ai fait mine d’abonder dans son sens, en râlant avec elle. Tu as raison, cela ne sert à rien, mais nous allons le faire quand même ce shampooing. Je lui ai raconté des histoires entre autres, et pendant que je lui frottais la tête, au fil de notre discussion, nous avons appris les verbes avoir et être au présent de l’indicatif, avec joie et intérêt » se souvient-elle, une lueur dans les yeux.
Lorsque Fabienne raconte ainsi les choses, alors nous comprenons aisément que plaisir rime bien avec travail, chez elle.